p13 « Il faut savoir habiter la Terre, plus sobrement, avec d’avantage de bienveillance pour les vivants non humains et de soin pour les paysages »
p30 « La nature est ce qui porte en soi son propre principe et se distingue donc, en creux, des artifices dont la finalité est imposée, de l’extérieur, par l’artisan »
p90 « En se plaçant à une échelle globale et systémique, les relations de pouvoir et de responsabilité sont totalement effacées du récit. C’est à l’espèce toute entière qu’incombe la faute et le devoir d’y remédier […] au fil des articles publiés pour la plupart dans des revues scientifiques […] se dessine un projet politique explicite : celui d’une gouvernance globale, guidée par des experts et portée par des mécanismes néolibéraux. La question se pose alors de savoir ce qu’est, véritablement, l’Anthropocène : un concept scientifique ou politique ? »
p93 « L’Anthropocène, inextricablement tissé de faits et de valeurs, serait en fait ‘un paradigme déguisé en époque' » [selon Jérémy Baskin]
p96 « Si nature et culture son inextricablement liées, faudrait-il faire l’histoire de la nature et celle des humains de la même façon ? »
p101 « Le projet dément tyrannique de l’Anthropocène, c’est de former la Terre […] Faire de la Terre notre œuvre, lui retirant d’elle-même son principe pour lui imposer le nôtre »
p119 « Le temps de l’Anthropocène serait celui d’une nature entièrement influencée par les activités humaines, et donc la mort de la nature véritable, définie justement par son autonomie à l’égard des humains. »
p136 « La distinction entre naturel et artificiel est un problème qu’il faut appréhender en terme de continuum et non de dichotomie. Il n’y a pas une nature et des artifices, bien d’avantages des degrés de naturalité ou d’artificialité. »
p157 « Exiger des politiques de protection de la nature qu’elles se déploient selon une logique de capital naturel, c’est inciter les décideurs à se concentrer sur les seules valeurs instrumentales de la nature, autrement à ne protéger les milieux naturels qu’à la mesure des bénéfices que l’on peut en tirer […] Cette vision de l’action publique est extrêmement pauvre : plus de débat, plus de conflits, ni de construction collective d’un monde commun et de valeurs partagées, seulement une gouvernance froide et ‘objective’ visant à maximiser la somme des utilités individuelles, conçues de façon atomique et statique. »
p164 « A travers la notion même de ‘service écosystémique », la nature et les entités naturelles sont réduites à de simples pourvoyeurs de bénéfices pour les communautés humaines »
p167 « A l’heure où il devient évident que la crise environnementale est très largement le fruit d’une société de croissance, de surconsommation, d’accumulation et d’individualisme, il ne semble pas très opportun d’emprunter ses concepts et sa rationalité à une vision du monde qui est à la racine des problèmes qui nous préoccupent »