Retour sur les diverses techniques de culture de la pomme de terre employées au jardin-forêt des marais cette année, ayant en commun bien entendu la non utilisation de chimie et le non travail du sol, pour une récolte de 70kg de pommes de terre .

Fleurs de pomme de terre
Pommes de terre primeure sur butte permanente
C’est la technique ayant donné les meilleurs résultats cette année.

Bosquet de patates
J’ai simplement posé les pommes de terre sous le paillage d’une butte permanente, le 30 mars, variété Sirtema. J’ai ensuite repaillé au fur à mesure, pour éviter que les pommes de terre voient la lumière.

Récolte des pommes de terre primeures le 30 mai, environ 10kg sur 3,5m2
Pommes de terre dans le poulailler
Dans une logique de rotation des pâtures pour les poules, j’ai voulu profiter du sur-amendement en azote du poulailler pour y faire pousser des pommes de terre.

Des patates à l’assaut du poulailler le 27 mai
La végétation était tellement dense qu’il n’était plus possible de pailler.

Plants de patates dans le poulailler le 15 juin
Une attaque de mildiou a décimé tous les plants. Résultat : 0 pommes de terre.
Je n’ai pas eu le coeur de prendre la photo du carnage 🙁
Ce que j’en retiens : le sol devait être surchargé en azote en raison des fientes des poules. Cela a favorisé le développement des feuilles mais a rendu les plantes fortement vulnérables au mildiou. Il y a une certaine logique, un milieu déséquilibré est fragile.
Je conserve cette idée de rotation des pâtures, mais je sémerai dans l’avenir des plantes moins vulnérables à l’excès d’azote.
Pommes de terre directement sous fumier pailleux de cheval
Etant donné qu’il me restait des semences, j’ai testé de disposer des pommes de terre sur prairie et de les recouvrir de fumier pailleux fraîchement récupéré à l’écurie, sur une rangée très proche d’une haie.

Un peu de place pour les pommes de terre le long de la haie

Paillage au fumier de cheval frais
La production de pomme de terre n’est pas extraordinaire, mais cela est peut-être dû à la proximité de la haie (concurrence pour l’eau et la lumière). Par contre, la haie a bien profité de cet amendement. Le fumier est tranquillement en train de se composter et j’espère avoir des pommes de terre primeure sur cette bande l’année prochaine.

Pommes de terre sous fumier de cheval pailleux
Pommes de terre sur prairie et sous bardin
Le bardin est un broyat de végétaux déposés par la Loire dans les marais lors des grandes marées.
La technique a été de coucher – écraser les hautes herbes avec une planche, de poser les pommes de terre (ici toutes les 30 cm) et de recouvrir avec au moins 10 cm de paillage (ici une botte de foin puis une remorque de bardin des marais), sur environ 6m2 de culture.

Pomme de terre disposées tous les 30 cm, le 4 mai

Une petite botte de foin

Planche recouverte de bardin
Un point positif est qu’avec cette épaisseur de paillage seul les pommes de terre et le liseron peuvent percer. J’ai donc dû désherber un tout petit peu le liseron mais ne suis pas du tout intervenu autrement.

Pommes de terre sur prairie le 4 juillet
Au final, la récolte a été décevante avec 12kg de pomme de terre. Ca peut sembler pas si mal en rapport à la surface mais en récoltant j’ai remarqué un gros problème : le bardin est desséchant et n’était pas du tout en phase de compostage. Les seuls endroits où les plants on réellement produit des pommes de terre sont ceux où il y avait du foin mouillé en phase de décomposition.
Ce que j’en retiens : le bardin a l’énorme avantage d’être livré localement par la Loire et de n’intéresser que moi 😉 mais il faut absolument l’utiliser « en lasagne » avec de la matière azotée – idéalement de la tonte de pelouse – ou avec une couche beaucoup plus importante de foin. Mes plants de pommes de terre ont manqué d’eau, le paillage n’étant pas capable de le retenir.
Un deuxième point positif tout de même, j’ai une belle zone de culture parfaitement désherbée.
Pommes de terre le long des futures haies fruitières
Je suis actuellement en train de quadriller le terrain avec des haies fruitières. Afin de préparer les nouvelles ligne de haie fruitière, j’ai disposé des pommes de terre au sol et un important paillage par dessus, l’idée étant désherber le sol et produire des pommes de terre en même temps. Selon les endroits, j’ai pu pailler / butter progressivement avec de la tonte de pelouse de mon voisin.
Comme précédemment, les résultats dépendent beaucoup de la qualité du paillage apporté. Souvent le bardin était trop carboné et drainant. Il n’a pas composté et n’a pas permis de retenir l’eau nécessaire à la pomme de terre. Difficile de savoir si la proximité des arbres pose problème. Sur la photo, les pommes de terres sont sous un grand frêne.

Patates !
La tour à patates
Nous avons testé la tour à pomme de terre qui a donné des résultats très décevants, je ne recommande pas.

Tour à patates complète
Conclusion
Au final, je n’ai eu aucune attaque de doryphores, j’ai vu les premiers début septembre sur un plant qui n’avait pas été ramassé. Le mildiou m’a posé problème dans le poulailler mais c’est logique, il s’agit d’une zone polluée : je dois mieux gérer le rotation des poules pour éviter ces forts déséquilibres.
La culture de pommes de terre sur prairie demande peu d’entretien mais nécessite un bon équilibre carbone / azote. La difficulté dans ce jardin est constante: trouver de la matière organique en quantités suffisantes. Une solution serait d’acheter du foin, mais je préfère dans l’absolu utiliser des déchets plutôt que d’acheter des ressources des autres par souci d’autonomie et dans la logique « les déchets des uns sont les ressources des autres« .
Célébration
La production du jardin est passée de 10kg de pommes de terre en 2017 à 70kg en 2018, ce qui est quand même une belle réussite 🙂 Je n’ai pas abîmé mon sol mais l’ai nourri dans une démarche d’aggradation et ai préparé des nouvelles zones de cultures.